L’assiette du pauvre

C’était hier soir. La Lune était pleine, la Lune était ronde et inondait le jardin de la lumière du Soleil. J’étais descendu apporter une pleine assiette de croquette à Miou-Miou, une petite chatoune qui semble en peine dans les environs de notre maison. Miou-Miou n’était pas là, mais… on ne sait jamais… elle allait peut-être repasser et serait heureuse de trouver une bonne pitance et un petit coin douillet pour dormir. Ah oui ! Il faut que je vous dise que j’ai installé un coin dodo avec oreiller et couverture à l’intérieur d’une étagère, dans le jardin. Suffisamment ouverte pour permettre une fuite au cas où, et suffisamment fermée pour être abritée.

C’est en remontant les escaliers que j’ai repensé à cette histoire d’assiette du pauvre.

Lorsque j’étais enfant, chez ma tatate qui m’a élevée pendant plus de dix années, il y avait toujours une assiette en plus de prévue… au cas où, si quelqu’un était dans le besoin, il pourrait partager notre maigre souper. Comme nous vivions dans un café de campagne, bien souvent, nous avons partagé nos repas. Cela n’était pas toujours très agréable pour une enfant de mon âge, il y avait parfois de la viande saoule comme on dit, mais au fond, j’en garde de bons souvenirs de ces soirées de partage.

Aujourd’hui encore, dans notre maison il y a toujours à manger pour quiconque passe notre porte. C’est peut-être aussi ce vécu qui fait que je vais bricoler un gâteau pour les amis de mes enfants, même à 22 h.

J’ai cherché un peu sur internet, et j’ai trouvé un très beau témoignage dont voici un extrait :

« Il y avait aussi une assiette vide au cas où quelqu’un arriverait à l’improviste. On l’appelait l’assiette du pauvre. Au centre du tapis reposaient tous les plats. Après le cérémonial de la distribution du pain, venait celui de l’assiette du Bon Dieu. Mamie-Baba prenait une assiette vide et y mettait un peu de tout, de la pita, quelques noix, du poisson et des haricots et une part de gâteau. Elle remplissait l’assiette. Le salé et le sucré mélangés, immangeable ! Elle portait l’assiette dehors sur la terrasse. Elle disait :  » C’est la part du Bon Dieu « . J’ai compris bien plus tard que le Bon Dieu revêtait aussi la peau des petits chats, puisque le lendemain, l’assiette était vide. »*

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Pour tout cela et pour plus encore, j’ai un immense merci dans le cœur et un grand élan d’amour envers ma tatate et toutes les personnes, qui comme elle, savent ou ont su transmettre le plus important en ce monde : la joie de vivre, l’amour et l’esprit de solidarité.

Femmes, je vous aime !

anti

* Pour lire le très beau témoignage de Zorica Sentic en entier : A ma mère grand Katarina – Noël 66, cliquez ici.

13 Replies to “L’assiette du pauvre”

  1. Anna Galore

    C’est une très belle tradition que celle de l’assiette du pauvre… Et c’est vrai que chez nous, c’est l’auberge permanente, que ce soit pour les copains des enfants qui décident de passer un moment à l’improviste ou pour les chats perdus qui parfois deviennent des membres de la famille à part entière comme déjà Metallica et Charlot et qui sait, un jour, Miou-Miou la petite chatte timide mais très propre qui vient de plus en plus souvent ici.

    Une note très émouvante, très belle, tout toi 🙂

  2. anti

    Oui Zaza, et j’ai pensé à toi en l’écrivant, me disant qu’il y avait chez toi quelque chose de ma tatate 😉

    Oui Anna, cela va aussi de paire avec notre inscription au CouchSurfing, dans la même veine.

    anti

  3. eMmA

    Très jolie note emplie de la générosité que l’on vous connait et que l’on aime à retrouver ici.

    J’aime la douce connivence qui se dégage de cette photo.

    Bon dimanche !

  4. Nymphéa

    « Et c’est vrai que chez nous, c’est l’auberge permanente, que ce soit pour les copains des enfants qui décident de passer un moment à l’improviste… »

    J’adhère, c’est aussi ma façon de donner !

  5. anti

    Merci eMmA, j’aime aussi beaucoup cette photo. Comme on se voit ma foi peu souvent à cause de la distance, elles sont rares donc précieuses.

    Cette façon de partager autour d’un repas est vraiment particulière je trouve. Vraiment, c’est un moment auquel je suis particulièrement attachée et je me rends compte combien nous sommes nombreux à l’aimer. Miam !

    anti, manger plus pour aimer plus 😉

  6. Zorica Sentic

    quelqu’un m’a dit …
    je passe vous dire merci trois petits points
    mes amitiés de Nice et …un petit rien…

    P’tits riens …
    Plaisir :C’est le jus quand tu presses le bonheur.
    Bonheur :Un tout composé d’un nombre infini de p’tits riens.

    P’tits riens :
    Une rose qui sent bon. Un bonjour en passant. Un sourire d’un enfant. Une caresse matinale. Un baiser troublant. Une lettre d’un ami. Une autre d’un amour. Une larme de pluie. Une bougie qu’on allume. Une autre que l’on éteint. Un café au lit. Un poème raté. Un non pour un oui. Une photo jaunie. Un coup de fil d’un ami. Un souvenir. Un conte inventé. Un caillou ramassé. Mon coup de soleil, nos vacances ratées. Un dîner en tête-à- tête. Un pense-bête. Un vol d’hirondelle. Un vin chaud à la cannelle. Une vielle chanson sur un accordéon. Une mèche de cheveux. Un croûton de pain trempé. Les matins câlins. Des œufs au bacon. Un chocolat chaud. Un bonbon à la menthe. Une dragée de frissons. Des mots polissons, un décolleté naissant. La déraison d’une passion. Le mariage d’un vieux pote. La passion oubliée. Un flacon de neige. Une glissade. Un feuilleton télé. Une fiction …un roman pas terminé. Le son du violon sur un disque usé. Un pigeon voyageur. Une partie de cartes. Une louche de caresses. Une dispute de je t’aime. Une faute qu’on pardonne. La maquette d’un voilier mouillé. Le citronnier mal arrosé, ou trop , qui a crevé. Une autre passion qu’on abandonne sans raison. Une pincée de sel oubliée. Une cuillère de miel dans un bol de lait. Un verre de rosé. Une coupe de bulles et la goutte qui fait déborder. Une tablette de chocolat et un bouquet de pensées violettes. Un livre de chevet et une gorgée de baisers …Une tasse ébréchée. Une statue égyptienne Un tour de pédalo. Une virée en vélo. La séance ciné du premier baiser, et le papa en colère. La pièce dorée de la souris, souvenir d’une dent de lait. Le cactus qui pousse et qui t’a piqué …oh ! qu’est ce que t’as pas hurlé. La promesse oubliée. La promenade sur les chemins des braconniers. La panne, t’avais pas payé la note d’électricité. Les après midi sur la plage à se dorer. La veille tante décédée. Les sauces pimentées. Les coquilles Saint Jacques aillées. La maison dans les dunes, un rêve avorté. Les repas plateau télé. Les retards de train, excuses inventées. Les copains pas copains. La virée qui a mal viré. Un écrit mal écrit …et que t’as pas compris. Une idée folle, t’ offrir une boussole. Le voyage à Venise et le gondolier qui ne voulait pas te faire payer. Le pneu crevé, la roue de secours oubliée. Le tournesol bleu qui n’était plus jaune. L’évier bouché… : T’as juste dit : c’est rien qu’une bricole et t’y a passé un dimanche entier. La cravate introuvable, le jour du rendez-vous avec le banquier, t’as même cru que la cravate aurait fait avaler au banquier ton dossier mal préparé. La chemise mal repassée qui t’a froissé. Le piano mal accordé. La grippe mal soignée. Les vacances en Corse. La table en formica qui est toujours dans la cave. Les photos des coccinelles que t’as ratées. L’ harmonica qui ne jouera jamais tout seul… Les pantoufles mal rangées. Les siestes improvisées …Mes silences bavards.

    Et l’agenda que t’as jamais retrouvé… où t’avais écrit en grenat, en gros et gras ; » trois petits points ne pas oublier de lui dire …j’t’aime toute l’année et pas seulement le 1 mai ! »

    Et ce vieux cahier d’écolière que je viens de retrouver …où dormait cet écrit brouillonné le 1 mai de ma première année en France en 1968.
    Zorica Sentic

    PS: …2005, J’ai corrigé des foooootes d’orthographes, pas les autres. J’en fais encore, j’en ferai toujours. J’ai rajouté des p’tits rien, mais pas tous …

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