Une Rom sans papiers meilleure apprentie de France

Une brève, lue dimanche sur La Voix du Nord…

Elle est Rom, sans papiers, vit dans un squat en banlieue parisienne… Linda Mihai, 21 ans, est aussi meilleure apprentie de France (deux médailles d’or et une d’argent dans sa spécialité). Et raconte son histoire dans un français quasi-parfait, alors qu’elle n’en parlait pas un mot en 2005.

linda rom.jpgLinda décroche le titre de meilleure apprentie dans sa spécialité, le pressing, en 2010, cinq ans après son arrivée en France, et prépare aujourd’hui un brevet de maîtrise.

Mais difficile de dormir suffisamment dans un « logement » occupé par une vingtaine de personnes, ou d’écrire un mémoire sans Internet sous la main.

Elle n’a toujours pour seuls papiers que sa carte d’identité roumaine et son passeport. Ses demandes de titre de séjour restent lettre morte.
« Si je n’ai pas de papiers à la fin de l’année scolaire, je ne pourrai pas travailler. »

Linda fut pourtant reçue sous les ors des salons du Sénat avec les lauréats des autres métiers, le 23 février 2011. Gérard Larcher, alors président, loue la « dimension sociale et humaine » de l’apprentissage : il « permet aux jeunes de trouver leur place dans notre pays ».

Pourtant depuis, pour elle rien n’a vraiment changé.

… et une réaction de lecteur aujourd’hui

Je viens de lire avec intérêt l’article consacré à Linda, jeune fille Rom, dans la page France Monde de La Voix du Nord de ce dimanche. Cette jeune fille, sans papiers, a tout fait pour s’intégrer, faisant preuve d’une volonté farouche : elle parle couramment le français, elle a fait des études et a obtenu le titre de meilleure apprentie de France.

Un parcours qui va à l’encontre des discours tenus ces derniers temps par Claude Guéant et ses prédécesseurs, décrivant plus souvent les Roms comme des professionnels de la mendicité, non scolarisés, potentiellement délinquants.

Cette jeune fille, remplissant pourtant toutes les conditions pour obtenir un titre de séjour, n’a toujours pas de papiers. Paradoxe : pour l’administration, elle « n’existe pas » mais a quand même reçu le titre de Meilleure Apprentie de France ! (…)

Aujourd’hui, on n’aide pas les étrangers à s’intégrer, c’est inacceptable et scandaleux, cela déshonore la politique française : il est plus que temps que nos responsables politiques retrouvent le sens du mot « fraternité », inscrit aux frontons de nos mairies.

Photo AFP

6 Replies to “Une Rom sans papiers meilleure apprentie de France”

  1. valentine Post author

    Bravo à cette jeune fille!

    Chez nous, en Suisse, un jeune dont les parents sont sans papier peut fréquenter l’école obligatoire mais n’a pas droit de se former pour un apprentissage! Bel encouragement pour une jeunesse qui n’a d’autre choix que d’être désoeuvrée.

  2. Anna Galore Post author

    Oui, absolument. Et comme le souligne le lecteur dont je cite les propos, elle est la preuve vivante de l’inanité méprisable des prises de position de Guéant et consorts.

  3. anti Post author

    Voilà un bien beau parcours qui force au respect. Quand on voit à quelle vitesse des footballeurs peuvent obtenir des papiers d’identité français, c’est franchement dégueulasse de ne pas régulariser la situation de cette jeune fille, modèle d’intégration.

  4. Anna Galore Post author

    Et pour la seconde fois, une jeune Rom reçoit le titre de meilleure apprentie de France, toujours dans le domaine du pressing. Cette fois, elle s’appelle Cristina Dimitru et son histoire ne manque pas de ressemblances nombreuses avec celle qui figure ci-dessus.

    Quelques extraits d’un article que lui a consacré RMC sur son site :

    « Cristina Dimitru, 18 ans, jusqu’ici sans papiers, a reçu au Sénat la médaille d’or dans la catégorie « pressing ». Enfin régularisée, elle raconte son parcours, avec fierté.

    Sa médaille d’or de meilleure apprentie de France autour du coup, Cristina Dimitru a appris hier jeudi une autre grande nouvelle : la préfecture de Loire-Atlantique va lui remettre ce vendredi un titre de séjour lui permettant de résider et travailler en France. « Je suis vraiment contente ! Mon avenir va être un peu plus rose », se réjouit-elle.

    Un rêve qui se réalise après des années de galère. Arrivée de Roumanie en 2005 avec sa famille, Cristina a vécu longtemps dans une caravane, sans eau, ni électricité. Les demandes de régularisation de sa famille, pourtant insérée – les deux parents travaillent comme saisonniers dans des entreprises de maraichage et sont aujourd’hui logés dans un appartement –, ont toutes été rejetées.

    Pour s’en sortir, Cristina a tout misé sur l’école : « C’était très dur au début, j’ai travaillé deux fois plus que les autres ». Et ça a payé, puisqu’elle est maintenant la meilleure apprentie de France. Alors hier au Sénat, elle était très émue lorsqu’elle a reçu sa médaille : « J’étais très fière ; c’est une expérience que je n’oublierai jamais. C’était aussi un honneur d’être au Sénat, voir les décorations ». […]

    Christophe Sauvet, vice-président de l’association nationale des gens du voyage catholique, accompagne aussi la famille de Cristina depuis 2005. Et il souhaite que son histoire puisse « servir la cause plus large de l’immigration. Je trouve important, pour aider tous ces jeunes, qu’on régularise cette main d’œuvre étrangère dont on a besoin, qu’on ne la laisse pas livrée à elle-même et qu’on puisse lever des barrières et des freins à leur intégration ici dans notre pays ».

    Les parents et le petit frère de Cristina sont eux toujours sans papiers. »

    (source : RMC.fr)

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