Green, le Lien désintégré

Green-013.jpgJ’ai vu hier sur la chaîne Planète un documentaire saisissant et émouvant. Il s’intitule Green (vert) et se situe en Indonésie. Aucun commentaire n’accompagne les images, la tragédie qu’elles racontent s’en passe parfaitement et sa portée n’en est que plus universelle. Le film est disponible en téléchargement gratuit, son auteur souhaite qu’il soit diffusé librement le plus largement possible.

Green est le nom qui est donné à une femelle orang-outang. Elle est seule dans un monde qui ne lui appartient plus, victime de la déforestation et de l’exploitation intensive des terres ainsi mises à nu. Elle est recueillie par des hommes qui tentent de lui redonner goût à la vie après l’avoir découverte errante sur des terres boueuses et dévastées, là où se tenaient autrefois les arbres qui constituaient son habitat.

Green-132.jpgLes séquences où, malgré toute la tendresse de ses soignants, Green apparait en train de se laisser mourir parce que son monde a disparu, entrecoupées de plans sur ce que devient la forêt, sont poignantes. Elles m’ont, plus d’une fois, fait penser à Avatar, le film de James Cameron. Avec Green, on sent le Lien, celui qui unit les arbres, la terre et les êtres que la forêt abrite. On en comprend toute l’importance vitale, on le perçoit physiquement se désintégrer et rendre toute envie d’y survivre tout simplement inconcevable. Dans la vraie vie, sur notre planète, ce sont rarement les Nav’is qui gagnent.

Les gens qui font cela ne sont ni méchants, ni gentils. D’une certaine façon, ils ne sont même pas conscients de l’enfer vers lequel ils entraînent les habitants les plus anciens de la forêt primitive. Ils déboisent la jungle pour planter à la place des palmiers et ainsi récolter des millions de tonnes d’huile de palme, une substance présente dans quasiment tous les aliments industriels que nous consommons, ainsi que dans les cosmétiques ou pour faire des biocarburants dont nous remplissons nos réservoirs avec l’impression de faire du bien à la planète.

Green-122.jpgQuant au bois des arbres abattus, il sert à fabriquer nos meubles, nos escaliers, nos bibelots, le papier sur lequel sont imprimés nos journaux, nos livres, nos prospectus publicitaires. Et ce bois éparpillé, éclaté en millions de morceaux, c’est le souffle vital irremplaçable arraché aux animaux de la forêt, leur sang, leur poumon, leur cœur, leur âme, ce sans quoi ils ne peuvent vivre.

Nous sommes donc collectivement les bénéficiaires de ce qui se passe là-bas et ailleurs. Nous sommes les complices du désastre écologique que cette activité provoque soi-disant pour notre bien-être. Et si nous avons un minimum de conscience, nous nous sentons profondément désemparés par ce que ce film nous expose sans prononcer un mot, sans donner de leçon, juste en montrant la forêt qui meure et nos cousins primates qui y vivent devenir des clochards errants sans rien comprendre au cauchemar qui s’abat sur eux, jusqu’à s’en laisser mourir. Vous n’oublierez jamais toute la détresse qu’ils font passer dans leur regard.

Le film est également proposé en DVD pour 10 ou 15 euros à votre choix, l’auteur vous l’envoyant ensuite par courrier. Patrick, c’est son nom, veut encourager ceux qui le verront à arrêter de consommer des produits issus de la déforestation en Indonésie et de boycotter les industriels et les banques impliquées. Il demande aussi que nous évitions le plus possible de consommer des produits à base d’huile de palme, d’acheter des objets en bois tropical, d’utiliser du bio-diesel.

Un objectif difficile, comme le montre le générique de fin : il donne la liste interminable et souvent désagréablement familière de toutes ces entreprises qui exploitent la déforestation pour nous fournir tous les produits qui nous entourent.

Le site de Green : http://www.greenthefilm.com/. Téléchargement gratuit du documentaire, infos complémentaires sur la déforestation en Indonésie, liste des entreprises concernées, conseils de consommation.
Les photos sont tirées du site.

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