Les vagabonds, les brigands et la famille

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Taraf de Haïdouks est un ensemble musical de Roms virtuoses, originaire du petit village de Clejani en Roumanie. Leur nom signifie « bande de brigands », Anti leur a consacré un grand article il y a quelques mois.

DSCN2209.jpgJuste un petit rappel de l’essentiel… Le groupe s’est formé en 1990 juste après la chute de Ceausescu et a rassemblé jusqu’à une trentaine de musiciens d’un niveau technique exceptionnel et, de plus, pleins d’humour et de joie de vivre contagieuse. La formation a, depuis sa création, joué un peu partout en Europe, faisant même des concerts avec le Kronos Quartet au Royal Festival Hall de Londres, participant aux défilés du styliste Yohji Yamamoto, collaborant à de films en tant qu’acteurs et musiciens ou composant leur bande-son.

On peut citer en particulier The man who cried avec Johnny Depp qui est l’un de leur plus grand fan, Latcho Drom de Tony Gatlif et Le Concert de Radu Mihaileanu aux côtés de Mélanie Laurent et Miou-Miou dans une scène renversante qui vaut à elle seule d’acheter le DVD si vous ne l’avez pas déjà (surtout que le reste du film est très bien aussi).

Ils ont sorti plusieurs CDs dont un, en 2007, nommé Maškaradǎ, où ils interprètent des pièces classiques de Béla Bartók, Khachaturian, Albeniz et autres compositeurs qui se sont inspirés des musiques tsiganes.

Hier soir, ils jouaient à Marseille à l’Espace Julien, dans un format de quintette – en fait, ils étaient six en comptant le chanteur sur quelques morceaux, extraordinaires. Nous y étions, Anti, Gwlad et moi (Dorian et les chats ont préféré rester à la maison pour des raisons diverses).

DSCN2172b.jpgQuand on est arrivé devant la salle pile à l’heure, il y avait une longue file de gens qui attendaient que les portes ouvrent. Une fanfare rom jouait sur le trottoir, histoire de nous mettre dans l’ambiance.

On s’est dit qu’on avait le temps de manger quelque chose, d’ici que tout le monde puisse entrer. On a repéré une pizzeria à deux pas, avec un vrai four garni de buchettes en feu. On a commandé trois pizzas succulentes et on est revenu à la salle. C’était bondé. Sur scène, de vieilles connaissances mettaient une ambiance d’enfer : nos amis les Vagabontu.

On s’est dit qu’on allait s’approcher le plus possible de la scène, quitte à s’asseoir par terre. Surprise : le premier rang était libre !

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Deux minutes plus tard, une dizaine de Roms nous y avaient rejoints et j’ai commencé à sympathiser avec mon voisin. Quand les Vagabondu se sont arrêtés, Emilia, très en formes (elle attend une petite fille d’ici peu), est venue sur le devant de la scène et a salué le premier rang en disant : « Bonsoir la famille ! » Ah d’accord, on venait de se faire adopter en toute bonne humeur.

D’ailleurs, partout dans la salle, quelles que soient nos origines, nous faisions tous partie d’une seule famille, en effet. Celle des humains. Après tout, c’est ce que signifie le mot « rom ».

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Après un court entracte, le Taraf est arrivé sur scène. Énorme ovation. J’ai levé la main pour saluer Caliu. Il m’a rendu mon salut en souriant comme si on se connaissait depuis toujours.

Ensuite, ça a été une heure de folie totale, de virtuosité hallucinante, toujours plus vite, toujours plus joyeux, tout le monde debout à danser et crier.

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Les Vagabontu sont revenus jouer avec le Taraf, et danser aussi. Trois Roms ont dansé avec Gwlad à tour de rôle. On s’est embrassés avant de se quitter, comme cela se fait entre frères et sœurs.

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Quelle soirée magnifique… De la magie tourbillonnante, du bonheur pur.

Michto, michto.

Très belle journée à vous

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6 Replies to “Les vagabonds, les brigands et la famille”

  1. anti Post author

    « Et au premier rang, toute la famille est là ». Quand Emilia a prononcé cette phrase, ça m’a fait vraiment tout drôle. Oui, c’était exactement ça, nous faisions partie de la famille, d’une grande famille, de la grande famille des Hommes. Comme aux Saintes Maries les années précédentes, nous étions accueillies à bras ouverts avec une chaleur rarement ressentie ailleurs.

    Mon Dieu ! Quelle ambiance ! On se fait déjà une bonne idée avec cet article mais c’était encore plus… et tellement… Ah là là ! Quel bonheur ! Mais, quel bonheur ! Quels bonheurs même, au pluriel. Celui d’être présentes pour apporter notre joie, nos sourires, nos bravos, nos applaudissements, en un mot : notre soutien indéfectible au respect de tous les hommes d’où qu’ils viennent, quels qu’ils soient. Notre soutien aussi à celles et ceux qui organisent de tels évènements qui sont de véritables réunions des uns et des autres au sens propre du terme. Le bonheur de rencontrer Emilia, le bonheur de partager cette expérience de vie avec une Gwladys enchantée qui découvrait que non, le violon n’est pas uniquement un instrument de conservatoire pour musique classique, et que oui, l’esprit de la fête c’est aussi ces danses partagées avec l’une et les autres (elle a aussi dansé avec la dame que l’on voit sur la première photo de la dernière série), et puis, ces hommes sur scène, c’est aussi une partie de son histoire puisqu’ils viennent de Roumanie et que son grand-père était roumain.

    Il faut absolument voir le programme de cette quatrième édition : c’est magnifique ! Taraf, Alexandre Romanes bien sûr mais aussi des cours d’initiation à la langue romani, des cours de danses, des contes gitans, de la cuisine etc. bref, tout ce qui participe à cette culture Rom.

    anti, avec un immense merci dans le cœur (et une Gwladys qui dort encore…)

  2. Anna Galore Post author

    Le concert – la fête plutôt – s’est terminé tard, en effet ! C’est Anti qui a conduit au retour, pendant que j’écrivais ma note sur mon Blackberry pour me l’envoyer par mail (ah, la technologie…). Comme ça, à l’arrivée à Nîmes vers 1h30 du matin, je n’ai eu qu’à l’enregistrer sur la partie admin du blog, après correction de quelques fautes de frappe avec Anti.

    Et ce matin, très tôt, j’ai choisi les photos que vous voyez ici parmi les 115 prises dans la soirée.

  3. anti Post author

    « C’est Anti qui a conduit au retour, pendant que j’écrivais ma note sur mon Blackberry pour me l’envoyer par mail »

    Ouaip ! Une équipe qui gagne 😉

    anti, roule ma poule !

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