Comité de soutien Florin Sandu

Photo Dosta Emilia Sinsoillier.jpg
Spéciale dédicace à Tieri Briet et tout l’équipe du projet Dosta! Les enfants de l’école Révolution, à la Belle de Mai
Photo Emilia Sinsoilliez*

Si vous cherchez le nom de Florin Sandu sur Google, vous trouverez des informations sur le jeune footballeur roumain du même nom, mais rien ou trop peu sur Florin Sandu de Arles, et pourtant…

Voici le message que je viens de recevoir :

Bonjour à tous,

Vous trouverez ci-joint copies du courrier envoyé ce jour en Mairie d’Arles, à fin d’éviter l’irréparable et de casser cette belle chaîne de solidarité qui s’est mise en place naturellement.

Nous allons aussi certainement avoir besoin d’un comité de soutien le 28 janvier à 8h30 au Tribunal Correctionnel de Tarascon. Nous pourrons alors organiser un co-voiturage depuis Arles.

Alors DOSTA! Restons mobilisés et solidaires !

de : Association Samudaripen
Gigi Auboire – président
15 rue du Port 13200 Arles
o6 33 74 91 oo
jaub.pmplc@free.fr

A l’attention de Patrick Hautbout
Directeur Général des Services
Mairie d’Arles

Arles, 19 janvier 2011

Bonjour,

Impossible de vous joindre au téléphone.

Je vous rappelle que nous avons une urgence concernant le cas de Florin Sandu pour lequel je vous ai transmis avant les fêtes tous les documents.
L’audience auprès du tribunal correctionnel de Tarascon est le 28 janvier, nous sommes presque à une semaine du procès au PENAL !

Vous vous étiez engagé à consulter Voies Navigables de France, le plaignant, pour qu’il retire sa plainte, voire la requalifie au Civil. Pas de nouvelles…
Pour mémoire, il a été expulsé du logement qu’il occupait par les forces de police, armes au poing. Les enfants, tous scolarisés et fournissant de très bons efforts, ont mis longtemps avant de supporter ce traumatisme.

Comme vous le savez je les ai accueillis à mon domicile en attendant une réponse de votre part concernant une attribution de logement d’urgence à Barriol ; réponse bien évasive à ce jour…

Monsieur le Maire a également été interpellé sur le sujet par l’Association Petit à Petit, sans réponse non plus…
Si Florin Sandu se voit signifier une condamnation, elle sera aussitôt agrémentée d’une obligation de quitter le territoire français, donc d’un drame familial, au moment où nous commençons à envisager des pistes de travail rémunéré pour lui dans plusieurs festivals musicaux en France.
Comme nous n’avons pas les moyens de nous doter d’un avocat solide sur ce dossier, nous seront soumis à l’incompétence si rien n’est fait d’ici là.

Ce serait un beau gâchis !

Par ailleurs, la date à laquelle devaient êtres installés eau, électricité, et toilettes sèches sur le camp Gorgan I est dépassé… pourtant fin octobre on nous assurait que cela pouvait être fait dans la semaine…

Nous nous sommes engagés auprès de vous à scolariser nos enfants, ce qui a été fait, et sans trop d’absentéisme ; nous vous avons apporté notre soutien pour le refus de l’aire de grand passage dans le cadre du Schéma Départemental des Gens Du Voyage.

J’ai comme l’impression que nous ne parlons pas la même langue parfois, mais je vais trouver un langage universel, ne vous inquiétez pas ; la musique en est un.

Dans l’attente d’une réponse rapide et efficace de votre part, veuillez agréer, Monsieur le directeur général des services, l’expression de notre considération distinguée.

COMPLÉMENT D’INFORMATION POUR LA PRESSE :

Florin Sandu est un ressortissant roumain, d’ethnie Rom, de 32 ans. Chassé par la misère, il a quitté la Roumanie il y a plusieurs années avec sa famille (aujourd’hui une femme et 6 enfants) pour chercher une vie meilleure, même dans les conditions allouées aux migrants dans les pays riches. Passé par le Portugal, l’Italie, l’Espagne, il est arrivé en France et vit à Arles depuis l’an dernier. Comme tout Rom roumain ou bulgare, et ce jusqu’en 2014, il ne dispose que d’un « droit de passage » sur le territoire français, ce qui oblige les adultes à passer la frontières tous les 3 mois en multipliant les justificatifs de traversée de la frontière.

A ce jour, il est en règle jusqu’à fin mars prochain. Leur seul droit en France est l’accès aux soins et à l’éducation. Tous les enfants, de la maternelle au collège sont scolarisés et appréciés de leurs professeurs, parents d’élèves et camarades de classe, où ils font de gros progrès et parlent presque tous correctement le français. Bien sûr la législation française est ainsi faite que l’accès au travail leur est dénié : tout employeur désirant embaucher un Rom roumain ou bulgare doit s’acquitter d’une taxe auprès de l’État de 970 € pour demander l’autorisation de l’engager, la réponse tombe en général dans les 6 mois suivants et est à + de 95 % négative. Reste la débrouille et pour Florin qui est musicien, c’est jouer aux terrasses des cafés et espérer ramener au moins 10 € pour nourrir la tribu le soir avec un vrai repas par jour.

Un arlésien bien intentionné lui a montré un endroit où il pourrait loger en squattant une maison abandonnée depuis 15 ans le long du Rhône. La famille s’installe. Erreur ! Le terrain appartient à Voies Navigables de France qui porte plainte au pénal et non au civil comme d’us. Arrêté une première fois en octobre dernier, Florin passe 48h en garde à vue dans les locaux de la police. Malgré leur engagement à laisser une semaine de répit à la famille pour se déplacer, les cow-boys ne peuvent se retenir et débarquent dans le squat à 6 heures du matin, armes au poing, menaçant les enfants et la famille, cassant les maigres biens qu’ils ont. Effrayés, ils partent sur Montpellier rejoindre des proches, mais ne peuvent rester là-bas, trop de monde. Je les récupère une semaine après et devant leur état d’épuisement et d’angoisse, toute la famille malade (il faisait très froid alors), je décide sans réfléchir de les héberger, et nous nous entassons depuis tant bien que mal, dans une maison certes grande, mais tout en chantier et donc pas du tout adaptée, avec de nombreux risques pour les enfants de se blesser.

Que leur reproche-t-on ?
D’être Roms ? Ce peuple qui n’a jamais eu d’armée, qui sait protéger son éthique ?
De bafouer la sacro-sainte propriété française en occupant temporairement un bâtiment inusité depuis belle lurette ?
De venir prendre nos femmes ? Il est venu avec la sienne.
De prendre le travail des bons français ? Nous avons vu que c’est impossible…

Voilà, le reste est dans le courrier qui vous a été transmis.
Je me tiens à votre disposition pour tout renseignement complémentaire. Gigi : 06 33 74 91 00.
Avec nos remerciements anticipés pour ce que vous pourrez faire pour nous aider.

_____________

Voilà. Pour ma part, je ne pourrai pas être présente ce jour là à Arles, mais la parole circule ici, sur le blog et l’info est transmise aussi à France 3.

* Un grand merci à Emilia Sinsoilliez pour la photo. Emilia qui est maîtresse des grands à l’école Révolution, Belle de Mai, Marseille. Présidente de l’Association Bari Bahtali, porteuse du groupe Fanfare Vagabontu, Présidente du festival Latcho Divano, festival des cultures tsiganes à Marseille et aussi maman comblée.

anti

5 Replies to “Comité de soutien Florin Sandu”

  1. Anna Galore

    C’est vraiment atterrant, ce mépris sans limite à l’égard des Roms… Pas la moindre considération humaine.

    On ne pourra être à Arles que par le cœur, ce jour-là, mais espérons que nombreux seront ceux qui pourront faire le déplacement pour soutenir Florin Sandu et sa famille.

    Les photos d’Emilia Sinsoilliez sont magnifiques, si vous avez Facebook, allez les voir ! Celle des enfants qui figure en tête de cette note est ma préférée. Merci à elle de nous avoir si gentiment donné l’autorisation de la mettre en ligne ici.

  2. Anna Galore

    Je joins Anti à tes remerciements, c’est elle qui a mis en ligne la note ci-dessus.

    Et, bien entendu, nous continuerons à relayer ici tous les messages qui permettent d’aider la cause des Roms.

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