Méditer pour soigner le monde

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L’art de la méditation, Matthieu Ricard : Lire la note qui lui est consacrée ici

La leçon de méditation de Matthieu Ricard – Un entretien audio mené par Marc de Smedt.

Qu’est-ce que la méditation ? « C’est tout simplement l’entraînement de l’esprit », nous dit le scientifique et moine bouddhiste Matthieu Ricard, qui veut laïciser l’acte de méditer.

Que vous méditiez façon bouddhiste (faire le vide) ou façon monothéïste (se concentrer sur le divin), la méditation est toujours une question très concrète : il faut commencer par se “rappeler à soi-même” et pour cela, se plier à une discipline, sinon dure, du moins régulière. Voici quelques tuyaux pour y parvenir moins difficilement.

Tout conspire contre la méditation : douleur physique, paresse, somnolence, agitation physique et mentale, ennui et sécheresse sont des obstacles trop bien connus du pratiquant. Lorsqu’une résistance apparaît, c’est que notre “petit moi” se sent menacé. Il faut alors redoubler d’effort : si l’on se décourage et que l’on baisse les bras, il gagne la partie… Un premier conseil : si le flux de vos pensées vous agite, illico, focalisez-vous mentalement sur le flux et le reflux de votre respiration (certains ajoutent : « Et fixez votre regard intérieur sur le point situé entre vos deux sourcils »).

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Le lieu

Choisissez un lieu et décidez d’y méditer toujours à la même place : ce lieu se chargera ainsi de vos rencontres précédentes. Élisez de préférence un endroit frais. Le cerveau se déconcentre s’il a trop chaud. Prévoir une fine couverture : il est fréquent que la température du corps baisse pendant la méditation.

Le rythme

Quid de la durée et de la régularité ? La pratique doit être quotidienne, mais il ne s’agit pas de devenir un athlète du jour au lendemain. Les maîtres conseillent aux débutants de méditer cinq minutes chaque jour, sinon on a vite fait de baisser les bras ! L’aurore est une heure idéale : l’esprit n’est pas encore trop encombré. La tombée du jour est également propice : c’est l’occasion de lâcher ses pensées de la journée. Il faut entrer en méditation comme on se rend à un rendez-vous : on s’y prépare intérieurement et l’on se doit d’être ponctuel. On se fixe une heure et une durée, ainsi, on n’écourte pas une méditation ressentie comme “désagréable”, on n’en prolonge pas une autre jugée “agréable” : on prend ce qui est. Ce n’est pas la quantité de méditation qui compte mais sa qualité !

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Dilgo Khyentsé Rinpoché

Avec ou sans guide ?

L’aventure spirituelle a beau être solitaire, on ne s’y aventure pas seul. Plus on pénètre ses profondeurs, plus un contrôle s’avère nécessaire : telle posture ou attitude intérieure sera recommandée à un moment, déconseillée à un autre… Pour autant, si le maître agit comme une personne voyante guide un aveugle, il n’en demeure pas moins que le maître véritable est à l’intérieur de nous et qu’il faudra bien, in fine, franchir seul, pas à pas, les obstacles de l’ascension. L’essentiel n’est pas d’”avoir un maître” mais d’ ”être un disciple”.

Nourrissez votre méditation

Purs et digestes, certains aliments apportent beaucoup d’énergie et ont un effet calmant : céréales (riz, blé, orge, millet), tous les fruits, la plupart des légumes (aussi peu cuits que possible), les légumineuses (lentilles, pois secs, soja), noix et graines, légumes secs, lait et produits laitiers, condiments (cannelle, cardamone, clou de girofle, poivre noir).

* Aliments conseillés quotidiennement : laitue, pomme, lait cru, miel (1/2 cuillère à café).

* Aliments qui alourdissent et affaiblissent le corps et le mental : boissons alcoolisées, viande, oignons, ail, aliments fermentés, fritures, conserves et sucreries.

Si vous voulez jeûner

L’abstention de nourriture est une forme pratiquée par les adeptes de nombreuses voies spirituelles. Le jeûne crée un état de conscience non ordinaire et favorise la vigilance nécessaire à la méditation. Quelques conseils pour un jeûne d’une journée :

La veille au soir, dîner légèrement – une pomme, une soupe, un bouillon.

Ne rien manger depuis le réveil le lendemain jusqu’à la même heure le surlendemain.

Boire beaucoup d’eau. Vous pouvez y ajouter une petite cuillérée de miel, une pincée de cannelle. Si vous vous sentez faible, prenez des tisanes de thym ou de sauge. Éviter tout effort violent, le bruit et l’agitation Rompre le jeûne avec du thé ou de la tisane, un yaourt, un fruit. Éviter surtout de trop manger immédiatement après.

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À lire :

Les Étapes de la méditation, éd. Trédaniel (l’un des plus importants manuels de méditation tibétains).
Le pouvoir du calme, obin Blake, éd. Trédaniel (un petit guide pour apprendre à méditer à la maison en trente jours)

Les autres articles de Sanafraj Bey sur le site de Nouvelles Clés.

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Photos Matthieu Ricard

3 Replies to “Méditer pour soigner le monde”

  1. eMmA

    Merci pour ce rappel salutaire…

    Je noter : penser à méditer 5 minutes au moins tous les jours, même les jours trop « pleins » (ou surtout, les jours trop pleins)

    La passante qui passe,
    eMmA

  2. Anna Galore

    Superbe note, que je n’ai eu le temps de lire que ce matin.

    J’ai une pratique un peu différente de celle décrite pour les méditations courtes, en ceci que je n’ai pas d’heure fixe. D’une certaine façon, c’est la méditation qui vient à moi plutôt que l’inverse. Et ça peut arriver à peu près n’importe quand dans la journée, quand le besoin s’en fait sentir ou quand une vue particulièrement belle me passe devant les yeux (comme celle de notre micocoulier au soleil couchant, par exemple).

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