Agro-alimentaire, la guerre des étiquettes

TrafficLightLabel_inside.jpgRue89 a publié hier un article de Colette Roos qui dénonce les grandes manœuvres des lobbies agro-alimentaires – fabricants et distributeurs – pour éviter un système d’étiquetage dit « des feux de signalisation », qu’ils jugent trop informatif et préjudiciable à leur chiffre d’affaire.

C’est une ONG hollandaise nommée CEO (Corporate Europe Observatory) qui a mis le feu aux poudres avec un rapport rendu public le 11 juin. Il s’intitule « A Red Light for Consumer Information » (« Feu rouge pour l’information des consommateurs ») et il est disponible par téléchargement (en anglais).

Le système existe déjà en Angleterre, où il est promu par l’agence gouvernementale Food Standards Agency.

Selon CEO, les lobbies ont dépensé un milliard d’euros pour faire changer d’avis les députés européens, afin qu’ils rejettent ce type d’étiquetage. Avec succès, malheureusement. L’essentiel des milliers de messages envoyés aux parlementaires pendant des semaines concernaient des points de détail et des cas particuliers, histoire de noyer les eurodéputés sous les données, une stratégie classique.

Mais ce n’est pas tout, comme le détaillent ces quelques extraits de l’article de Rue89 :

Autre stratégie qui a fait ses preuves, d’ailleurs utilisée par les fabricants de tabac il y a quelques décennies : commander des études « scientifiquement incontestables ». Comme celles de l’EUFIC, organisme a priori irréprochable, à en juger par son nom, « European Food Information Council », d’ailleurs rémunéré plus de 2,8 millions d’euros en 2008 par la Commission européenne pour coordonner une étude sur les informations nutritionnelles sur les emballages alimentaires.

Problème : l’EUFIC est financé par les industriels tels que Barilla, Cargill, Coca-Cola, Danone, Mars, McDonald’s, Nestlé, Unilever… et est dirigé par l’ex-lobbyiste en chef du groupe Mars (oui oui, les barres chocolatées), Joséphine Wills.

LabelGDA.jpgDernière méthode utilisée par les industriels, là aussi classique : se montrer de bonne volonté… pour des solutions plus modérées. Depuis plusieurs années, les grands noms du secteur (par exemple, en Angleterre, Cadbury, Kellogg’s, Kraft) militent pour un système beaucoup moins clair que celui des « feux de signalisation » : des macarons ton sur ton, apposés eux aussi à l’avant des emballages, qui indiquent les pourcentages de sucres, lipides (dont saturés), sel et les calories mais cette fois par portion par rapport aux apports quotidiens recommandés pour un adulte.

Rappelons au passage que ces apports quotidiens recommandés, qui ressemblent à des quantités à consommer, sont plutôt des quantités à ne pas dépasser, et hop, le joli tour de passe-passe. Rappelons aussi que la taille de la portion est définie par les industriels eux-mêmes.

En Europe, 27% des hommes et 38% des femmes sont en surpoids ou obèses.

Source : Le lobby agro-alimentaire prêt à gagner la guerre des étiquettes (Rue89)
Photos : Eatwell.gov.uk (le label avec feux de signalisation), Whatsinsideguide.com (le label ton sur ton)
Rapport A Red Light for Consumer Information (en anglais)

One Reply to “Agro-alimentaire, la guerre des étiquettes”

  1. anti Post author

    « qu’ils jugent trop informatif et préjudiciable à leur chiffre d’affaire. »

    Tout est dit. Vraiment, je suis chaque jour plus heureuse d’aller chez Satoriz (ce qui ne m’empêche pas non plus d’avoir fait le plein de « Finger » samedi matin ;-))

    anti

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