Nucléaire français : quand les appelés servaient de cobayes

sahara nucléaire.jpgOn sait depuis longtemps que la France a procédé à ses premiers essais nucléaires au début des années 60 dans le désert du Sahara algérien. On sait aussi qu’il y a eu des victimes des radiations à cause de l’inconscience ou de la négligence qui ont entouré ces essais.

Ce qu’on ignorait jusqu’à aujourd’hui et que révèle Le Parisien, c’est que l’armée a également organisé une exposition délibérée d’appelés du contingent à l’une de ces explosions nucléaires afin d’en évaluer les impacts. Le quotidien a eu, en effet accès à un rapport accablant de 260 pages intitulé « La genèse de l’organisation et les expérimentations au Sahara », écrits par un ou des militaires anonymes en 1998 et classé « confidentiel défense ».

Voici ce qu’en dit Nicolas Jacquard, journaliste au Parisien : « Il y évoque avec emphase « une grande aventure scientifique », tout en jugeant « inopportun d’en extraire une synthèse grand public. » A sa lecture, on comprend aisément pourquoi, chaque ligne du rapport expliquant comment scientifiques et militaires veulent, à l’époque, obtenir « la bombe », quel que soit le prix à payer, y compris humain. Gerboise verte, le quatrième et dernier tir dans l’atmosphère, fait ainsi jouer les appelés du contingent à une véritable guerre nucléaire grandeur nature. Souvent, les vétérans se plaignaient d’avoir été des cobayes. C’est désormais une certitude. »

sahara nucl 2.jpgEt le pire est peut-être encore à venir. Le sous-titre du rapport indique en effet qu’il s’agit du « tome I ». Il y en a donc d’autres. Hervé Morin, ministre de la Défense, a déclaré ne pas en avoir connaissance. A la question du regard qu’il porte sur cette époque, il fait cette réponse que, personnellement, je trouve d’une obscénité rare : « C’est une magnifique épopée, le symbole de la constance d’une nation à vouloir acquérir les moyens de sa propre souveraineté. »

Le dossier complet du Parisien se trouve ici : Quand les appelés du contingent servaient de cobayes, par Nicolas Jacquard.

A lire également sur le blog, une histoire tristement comparable côté américain : Essais nucléaires dans le Pacifique, l’horreur dévoilée.

2 Replies to “Nucléaire français : quand les appelés servaient de cobayes”

  1. ramses Post author

    C’est effectivement consternant… Bizarre comme tout ce qui touche au conflit algérien est systématiquement classé « secret défense » (je rappelle que 20.000 appelés sont morts au combat, sans qu’un hommage quelconque leur soit rendu). A comparer avec les 40 militaires de carrière tués en Afghanistan depuis le début des opérations, dont on nous abreuve d’images à la TV…

  2. Anna Galore Post author

    Cela n’enlève rien aux faits, mais le « scoop » du Parisien n’en est pas un, comme le souligne Ouest France.

    La même info exactement a été sortie le 5 février 1998 par le Nouvel Observateur (n° 1735).

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