Homophobie, le coup de gueule de J.M. Périer

jm périer.jpgJ’ai entendu aujourd’hui sur France-Info une interview de Jean-Marie Périer, photographe de stars depuis les années 60, qui vient d’écrire un livre intitulé « Casse-toi » pour dénoncer l’attitude incroyablement violente de certains parents lorsqu’ils apprennent que leur fils est homo. Il y raconte l’histoire de dix ados ou jeunes adultes chassés de chez eux et qui ont trouvé un peu de réconfort dans un lieu unique en France créé dans ce but, Le Refuge, à Montpellier.

Faute de pouvoir retranscrire son entretien à la radio, je reproduis ci-dessous l’interview qu’il a donnée à Midi Libre.

Vous qui êtes dans l’image, pourquoi avoir écrit un livre ?

Je ne l’ai pas choisi. Je voulais faire quelque chose pour aider ces jeunes chassés par leurs parents parce qu’ils osent aimer quelqu’un du même sexe… C’est en les rencontrant qu’écrire m’est apparu évident. Car ce qu’ils vivent est ahurissant. Ces mômes sont fragiles ; certains sont même menacés de mort par leur famille. Et puis j’avoue que j’aimerais que les gens, surtout ceux peu disposés à en parler, lisent les témoignages et se disent : « Ça pourrait être mon enfant. »

Comment avez-vous entendu parler du Refuge ?

En Aveyron, où je vis à trois quarts temps, j’ai lu un article dans le journal sur cette association qui recueille les gamins jetés dans la rue. En 2008, plus de 300 gamins les ont appelés à l’aide. Et ça m’a terrifié ! Comment peut-on virer un ado parce qu’il n’est pas comme on veut ? Et ces gamins, leurs parents les obligent à se nier, à mentir. Pour moi, petit bourgeois protégé par des parents qui ne m’ont jamais jugé, ça a été un choc. Et si je ne suis pas homo, ce n’est pas ma chapelle, ce n’est pas parce que ça ne me met pas à l’aise de voir deux hommes s’embrasser qu’ils n’ont pas le droit de vivre. D’autant plus qu’enfant, j’ai eu la chance de connaître Jean Marais qui, franchement homo, était un vrai mec ! Alors, sans savoir ce que j’allais pouvoir faire, j’ai pris contact avec le Refuge. Et je ne me suis pas gouré. Ils font un travail extra. Ce sont des gens honnêtes.

le-refuge_378.jpgEn combien de temps avez-vous réalisé le livre ?

Un an et demi… Vouloir aider les autres, c’est compliqué et il faut y aller sans trop réfléchir. Après avoir discuté avec Nicolas et Frédéric, les responsables du Refuge, et avec les jeunes, j’ai contacté l’éditeur. Il me connaît, a compris ma démarche et dit oui tout de suite. Parce que personne n’est au courant pour ces mômes. On est dans un univers qui nie.

Et vos contacts à Paris…

Côté journalistes, il y a une véritable scission entre les médias parisiens et la réalité. Pourtant, il faut tout faire pour qu’évoluent les mentalités. Car c’est la méconnaissance qui provoque la peur. Et la grande différence entre les années 60 et maintenant, c’est qu’aujourd’hui, on a peur de tout… Alors, vous comprendrez que moi, qui ai suivi quinze ans de ma vie Mick Jagger, à l’époque où les gens bien pensants s’offusquaient et de sa musique et de son comportement, j’ai envie, toujours et encore, de secouer l’arbre !

Source : Midi Libre, entretien avec Camille-Solveig Fol
Photos : (1) Jean-Marie Périer (DM) – (2) Nicolas Noguier, Président de l’association Le Refuge (Gonzague/Transit)

A la fin de l’entretien sur France-Info, le journaliste s’est entretenu avec l’un des ados hébergés actuellement au Refuge. Ce dernier a lancé un appel pour qu’une chanson mises en ligne sur YouTube soit diffusée le plus largement possible. Elle s’intitule « De il à il » et ses interprètes essaient de réaliser un CD pour rassembler des fonds destinés à aider Le Refuge. La voici :

8 Replies to “Homophobie, le coup de gueule de J.M. Périer”

  1. Anna Galore Post author

    J’ai ajouté un tag « Homosexualité » qui permet de retrouver les différents articles que nous avons consacré aux aspects sociétaux de l’homosexualité dans le blog – malheureusement pour parler surtout d’homophobie et beaucoup plus rarement d’acceptation des préférences sexuelles de chacun.

  2. anti Post author

    « Et si je ne suis pas homo, ce n’est pas ma chapelle, ce n’est pas parce que ça ne me met pas à l’aise de voir deux
    hommes s’embrasser qu’ils n’ont pas le droit de vivre »

    Excellente nouvelle sur un livre tout à fait dans l’esprit du blog ! Ce n’est pas parce qu’on est ou pas homo, chamane, bouddhiste, Rom, etc. qu’on n’a pas le droit au respect. Vraiment bravo à M. Périer et bien sûr, aux personnes qui s’investissent pour un meilleur quotidien des personnes opprimées.

    anti

  3. Netsah Post author

    Si j’avais juste un reproche à faire à ce livre, c’est que le rejet des filles homosexuelles par les parents ça existe aussi…
    Sinon c’est très bien d’en parler, et du refuge..

    L’homosexualité devenue une honte c’est apparu avec les religions monothéistes les plus récentes il me semble.. Dans la Grèce antique on était polysexuel (ce qui a créé le fameux mythe d’une plus forte concentration d’homosexuels en Grèce alors qu’ils ne sont plus polysexuels depuis longtemps), idem pour les romains, ainsi que beaucoup de peuples africains et asiatiques…
    Bref… j’ai la chance d’avoir des parents tolérants et ça me rassure (si un jour je change d’avis xD) quand je vois mes ami(e)s homos et le rapport à leurs parents.. Y en a ça se passe très bien mais d’autres on sent toujours une tension venant du père ou de la mère ou carrément un refus de contact des deux parents.. Et c’est vraiment dur… Je veux dire.. Des parents qui perdent leurs enfants dans un accident ou de la maladie c’est atroce, on ne devrait pas voir mourir ses enfants, mais décider d’agir comme si son enfant était mort alors qu’il ne l’est pas c’est encore plus horrible pour moi. Ça doit être une torture de l’esprit violente et qui hante.

    Netsah, homophile

    (polysexuel, pour ceux qui ne savent pas, ce n’est pas bisexuel. Polysexuel c’est être ouvert à l’amour physique sous toutes ses formes avec n’importe qui sans lien particulier, tous sexes confondus.. ce qu’on appelle aujourd’hui le libertinage, l’échangisme, le voyeurisme, et qui est un milieu assez fermé paradoxalement, sans doute par auto-protection)

  4. sapotille Post author

    « Je veux dire.. Des parents qui perdent leurs enfants dans un accident ou de la maladie c’est atroce, on ne devrait pas voir mourir ses enfants, mais décider d’agir comme si son enfant était mort alors qu’il ne l’est pas c’est encore plus horrible pour moi. Ça doit être une torture de l’esprit violente et qui hante. »

    Oui tu le dis si bien…
    C’est terrible. Ils s’autodétruisent..En faisant du mal.
    Une horreur

    Bravo JMPerrier et belle continuation au refuge. Bisou fraternel aux homo de tous sexes qui passent ici 😉 …

  5. sylvia Post author

    De tout coeur avec ces enfants rejetés. Merci à J.M. Périer de dénoncer cette ignominie et de faire connaître cette belle association. Je vais acheter ce livre et en parler autour de moi.

  6. anti Post author

    « Si j’avais juste un reproche à faire à ce livre, c’est que le rejet des filles homosexuelles par les parents ça existe aussi…  »

    Le Refuge est la seule structure en France, conventionnée par l’Etat, à proposer un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical et psychologique aux jeunes majeurs, filles et garçons, victimes d’homophobie.

    et concernant le livre :

    « le célèbre photographe des années 1960 et de Salut les copains a eu envie d’agir : en rencontrant ces jeunes venant des quatre coins de France et issus de tous milieux, il s’est engagé à porter leur voix. Pour que l’histoire de Sandra, Antoine Hassan, Jimmy et les autres, rejetés par leurs parents, bouscule les idées reçues. Pour que l’on parle enfin d’homosexualité sans tabou ni mauvaise foi, et qu’au début du XXIe siècle, chacun puisse être libre d’aimer sans avoir peur. »

    Du coup, j’ai rajouté les liens dans la note pour plus d’infos.

    anti

  7. Anna Galore Post author

    C’est pas gagné. Lu dans l’Express aujourd’hui :

    Ce devait être une façon ludique de parler d’homosexualité à des enfants de primaire, c’est devenu une affaire politique. « Le baiser de la lune », court film d’animation d’une vingtaine de minutes, fait scandale avant même sa diffusion.

    Le dessin animé, présenté sous la forme d’un conte de fées, raconte une histoire d’amour entre Félix, un poisson-chat et Léon, un poisson-lune. Pour son réalisateur, Sébastien Watel, il s’agit de « donner une vision moins stéréotypée des relations amoureuses » et de « sensibiliser les élèves contre l’homophobie ».

    Mais l’idée de le montrer à des élèves de CM1 et CM2 en dérange certains. Une association militant contre l’homoparentalité, le Collectif pour l’enfant, a dénoncé dans un communiqué « une intrusion dans l’intimité de jeunes enfants », déclenchant la réaction indignée de différentes associations contre l’homophobie et du monde éducatif.

    […] Un argument qui semble avoir été retenu rue de Grenelle : Luc Chatel a décidé de ne pas faire diffuser Le baiser de la lune dans les écoles. « Trop prématuré » pour être projeté à des primaires, a-t-il avancé mercredi sur RMC.

    « Scandaleux! » s’insurge de son côté Jean-Luc Romero conseiller régional d’Ile-de-France (PRG). Contacté par LEXPRESS.fr, il se dit « écœuré » par cette polémique pour « un simple conte », « moyen le plus adéquat et pudique d’expliquer qu’il n’est pas anormal d’éprouver une attirance pour quelqu’un du même sexe ». « Il est injustifié qu’on fasse de la prévention contre le racisme et l’antisémitisme et qu’on laisse de côté l’homophobie. Comme si il y avait une hiérarchie dans les discriminations! »

    Pour l’élu, le tabou est politique. « Pour beaucoup de membres du gouvernement, l’homosexualité reste un problème ».

  8. anti Post author

    Je ne pense pas que la question de la sexualité quelle qu’elle soit concerne les enfants de 10 ans. Faut pas tout mélanger non plus.

    anti

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