Si on sortait (de nos corps)?

Platon est le premier grand auteur à en avoir parlé (livre 10 de La République) : un soldat, nommé Er le Pamphylien, est laissé pour mort sur un champ de bataille mais au moment où on s’apprête à brûler son corps, il reprend connaissance et raconte aux témoins stupéfaits qu’il a vu toute la scène, y compris lui-même, comme s’il était sorti de son corps puiis il s’est senti aspiré le long d’un tunnel sombre vers une lumière faite d’amour pur. Mais au dernier moment, il est revenu dans son corps au lieu de continuer vers la lumière. Platon n’a pas inventé cette anecdote de toutes pièces, il l’a basée sur les traditions orphiques auxquelles il se rattache.

Depuis le récit de Platon, des dizaines de milliers de personnes ont connu ce qu’on appelle désormais des « expériences de mort imminente » (near death experience ou NDE chez les Anglo-saxons). Elles ont toutes les mêmes points communs.

Et de nombreuses cultures et traditions en font état à travers la planète, depuis les Indiens Hopis jusqu’aux bouddhistes (le Livre des Morts tibétain les décrit avec exactitude), en passant par les chamanes mongols et les Aborigènes du Temps des Rêves. Sans oublier les observations recueillies par les psychanalystes et les réanimateurs.

Pourquoi j’en parle ? Parce que je lis en ce moment un livre que m’a passé Anti sur ce sujet (La source noire, de Patrice Van Eersel, grand reporter au magazine disparu Actuel). Tout à fait passionnant, l’auteur étant quelqu’un de pragmatique qui se contente de raconter son enquête auprès d’un certain nombre de témoins directs du phénomène, sans tirer d’hypothèses mystiques ou même paranormales. Il dit juste que puisque tout le monde raconte la même chose, c’est que le phénomène existe. A chacun ensuite de l’interpréter comme il l’entend.


Au-delà des murs délabrés de notre corps se trouve un ciel limpide.

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut reproduire un certain nombre de ces états intermédiaires sans avoir à se mettre en état de coma dépassé mais par la simple méditation. Un mystique dirait qu’elle nous permet de passer à des stades de conscience supérieurs et un cartésien qu’elle a pour effet d’activer des parties du cerveau qui permettent de percevoir les choses différemment. Ce qui revient un peu au même.

Sortir de son corps peut aussi être un simple jeu mental. Imaginez-vous en train de vous regarder comme si vous étiez à trois mètres au dessus de vous-même. C’est assez facile à faire en s’entraînant un peu, y compris pendant seulement quelques secondes. Observez-vous et observez tout ce qui vous entoure depuis ce point de vue-là. Vous pouvez le faire n’importe où et n’importe quand, même au boulot. C’est un moyen souverain pour se détacher d’uns situation de stress ou tout simplement se sentir (encore) mieux en devenant extérieur à soi-même.

Les effets secondaires, quand on revient à soi (au sens propre), sont une grande paix intérieure, une envie de donner de l’amour autour de soi, une perception de la beauté qui émane des choses les plus banales, une empathie accrue pour toutes les formes de vie qui nous entourent (humains, animaux, plantes), une sérénité profonde d’être, tout simplement.

Allez, on sort ?

Très belle journée à tous

Les deux photos ont été prises à Arles cet été aux Rencontres de la Photographie. La première est de Grégoire Alexandre.

One Reply to “Si on sortait (de nos corps)?”

  1. anti Post author

    Un livre à lire sans aucun doute et toujours actuel bien qu’écrit il y a plus de 20 ans. Il faut dire que le sujet est et sera toujours d’actualité. Une note suivra dessus anyway.

    Sinon, ben oui, okédacorps : on sort !

    anti, partante.

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