« Lucienne » poursuit sa route

luciennelphant.jpgAux dernières nouvelles, « Lucienne » était présélectionnée pour deux prix littéraires, souvenez-vous c’était le mois dernier.

Aujourd’hui, je suis heureuse de vous annoncer qu’elle est en présélection pour un 3e prix ! Pour l’édition 2013 du Festival du Premier Roman de Laval pour être plus précise.

Je suis vraiment aux anges ! C’est que je l’aime ma Lucienne ! Du coup, je suis ravie de savoir qu’elle va avoir encore plus de chance d’apporter du bonheur à encore plus de personnes.

D’ailleurs, en parlant de plaisir partagé, Marie Barrillon signe un très bel article consacré à notre mémé préférée pour « La Fringale Littéraire« , avec en prime, une interview de l’auteur.

Voyez plutôt :

« La vie moderne… c’est comme un train qui roule et qui accélère peu à peu. les passagers ne s’en aperçoivent pas et pourtant ils avancent de plus en plus vite… Vers où ? Moi aussi Edmond, je me pose la question et je n’ai pas la réponse… Je crois que personne ne l’a et que tout le monde s’en fiche ! Les gens doivent se dire qu’il ne faut pas s’inquiéter de la destination du train puisque de toute façon il faudra en descendre un jour, comme toi. Alors ils vivent, ils ne se posent pas ces questions qui les embêtent et qui leur fait perdre du temps. »

Extrait du livre

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Lucienne – Un article de Marie Barrillon pour « La Fringale Littéraire »

La vie et ses rouages…

« Tiens, bouge pas que je t’arrange un peu la dalle ! Tu vois, ces deux vases en étain, c’est cher mais ça fait de l’usage ! Ils ont au moins deux ans et ils sont comme neufs ! » C’est ainsi que commence la journée de Lucienne. Une visite à son défunt mari à qui elle raconte les potins du village : « Toujours à sa fenêtre, la mère Mouchis, à croire qu’elle compte les gens qui passent. On la mettrait dans un pré avec une clôture et des trains qui passent de temps en temps, je suis sûre que ça lui ferait une belle vie. »

Quoi faire lorsqu’on n’a plus personne, ni même sa moitié et que la vie n’avance plus qu’au ralenti comme pour nous faire compter les secondes qui s’égrainent sur l’horloge du temps ? Lucienne s’occupe comme elle peut, et puis compter ces fameuses secondes sur l’horloge du temps ça ne lui ressemble pas. Pas gâteuse notre Lucienne !

Dès les premières pages, on a envie de s’accorder à son pas pour une balade dans le temps… dans son temps à elle. Des les premiers mots, on a l’impression d’entendre ses intonations. Elle nous paraitrait presque familière… Lucienne. On ne la connait pas certes, on la découvre et pourtant on pourrait penser qu’elle est là, quelque part, en nous peut-être mais en tout cas pas très loin, à attendre qu’on la suive pour un petit bout de chemin. Et pour cause ! Lorsque l’on observe ces personnes, elles ont un petit quelque chose qui fait qu’on les retrouve les unes dans les autres. Un petit air de « ressemblance ». Ce petit quelque chose qui nous donne envie souvent de les protéger, de les servir, de les… aimer, tout simplement.

Pour un peu de tendresse…

Lucienne est attachante dès le début de ce livre malgré son franc-parler, souvent drôle par ailleurs : « Je n’aime pas les vieux ! Ils m’énervent, ils puent… même quand ils sont propres et parfumés […] Je n’aime pas les résignés qui attendent la mort, tremblants sur leur chaise… je n’aime pas non plus les joyeux qui font semblant d’être bien… » Pourtant, elle est consciente et le dit qu’elle est vieille, elle aussi. Elle ne se voile pas la face ! Mais voilà, Lucienne, elle a ses idées. Mignonnes idées en définitive !

On ne trouvera pas une seconde d’ennui à ses côtés. Effectivement, on a plaisir à rester auprès d’elle et désirons que cela dure encore et encore. Elle pourrait être notre grand-mère après tout ! Et puis, le temps avance, elle nous conte sa vie qui n’a pas toujours été très gaie, on s’attendrit encore un peu. Lucienne ! Notre pas s’accorde toujours au sien, n’est-ce pas là l’essentiel. Elle règle ses comptes avec la vie qui ne l’a pas épargnée, tant blessée parfois : « J’en ai assez de subir la volonté des autres ou celle des événements. » Elle les règle aussi avec Edmond qui est au repos dans sa tombe qu’elle entretien jour après jour : « C’est pas parce qu’il y a beaucoup de fleurs sur une tombe que celui qui est dessous est plus aimé ! »

Et puis, elle règle son plus gros compte avec ce qui a tué son Edmond.  » Je ne veux plus qu’on décide pour moi, je ne veux plus qu’on me traite comme une quantité négligeable, comme une vieillerie dont on n’a rien à faire. »

Quand l’âge ne rime pas avec folie…

Puis, elle se dévoile un peu plus en nous parlant de son amnésie qui lui a fait perdre de vue ses jeunes années. Des bribes de souvenirs reviennent de loin, très loin. Des bribes, puis des pans entiers : « C’est à croire que mes souvenirs sont restés intacts pendant toutes ces années… Ils n’ont pas servi alors peut-être qu’ils ne se sont pas usés… » Qu’est-ce qu’on aimerait la serrer dans nos bras Lucienne, la chérir un peu, lui donner de la tendresse qu’elle n’a plus parce qu’il n’est pas normal qu’après toute une vie on se retrouve seul à parcourir ce qui en reste, surtout lorsque le temps paraît si long : « C’est bizarre ça !… La pendule est au moins deux fois plus grande ici que dans l’autre bâtiment… c’est peut-être que le temps qui passe est très important pour les vieux et sans importance chez les fous… quand on est fou, on ne vieilli pas ! »

Cependant, Lucienne est loin d’être folle. Sa tête est bien présente avec toute la conscience et la lucidité nécessaires pour ne pas perdre pieds : « C’est ma vie qui est un poème ! »

Lucienne comme une perle dans un monde qui en manque. Un roman à lire sans concession, sans modération mais surtout à lire avec la tendresse du cœur pour en savourer chaque moment car soyez sûr qu’ici le regard seul ne suffit pas.

Allez chercher Lucienne, chers amis lecteurs et emmenez-là avec vous quelques instants, vous ne le regretterez pas le quart d’une seconde ! Elle est mon coup de cœur et sera peut-être également le vôtre.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre : Titre : Lucienne – Auteur : Jean-Michel BERARDI – Editions : Éditions du Puits de Roulle – ISBN : 9782919139248 – Prix : 15 € Disponible aussi sur Kindle. Extrait disponible en ligne.

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Entretien avec Jean-Michel BERARDI, auteur de « Lucienne », Editions du Puits de Roulle

100% Auteurs : Lucienne, comment vous est venue cette idée de raconter l’histoire de cette femme septuagénaire, somme toute très sympathique ?

Jean-Michel BERARDI : C’est une très vieille idée. En allant travailler, je passais tous les matins devant le cimetière de mon village et un matin d’octobre, au volant de ma voiture un titre s’est imposé : « Les grilles du cimetière » et derrière ce titre, une vieille dame qui va tous les jours sur la tombe de son défunt mari pour lui tenir compagnie. J’avais écrit à l’époque, il y a plus de dix ans, les six premiers chapitres sous forme de pensées qui permettaient à Lucienne de philosopher gentiment et d’amoindrir le poids de sa solitude.
Voilà l’idée de départ, après, c’est Lucienne qui a pris les commandes !

100% Auteurs : Dans cet ouvrage, on ne peut que s’attacher au personnage principal. Elle pourrait être notre grand-mère pour certains, notre mère pour d’autres. Vous êtes parvenu à attirer les lecteurs dans son histoire avec beaucoup de tendresse. Est-ce que cela fut difficile au niveau rédactionnel de vous glisser dans sa « peau » ?

Jean-Michel BERARDI : Je ne me glisse pas, à proprement parler, dans la peau de Lucienne, je ne fais que la regarder vivre, imaginer ce qu’elle pense. Elle a décidé seule de beaucoup de chose dans cette histoire. J’ai souvent l’impression que mes personnages, une fois inventés, prennent le large et je ne fais que les guider.
Il faut vous dire aussi que j’ai côtoyé pendant toute ma vie des gens comme Lucienne, des gens de la campagne, les pieds bien sur terre avec le bon sens et la sagesse du Périgord. Alors, je n’ai pas eu beaucoup de mal !

100% Auteurs : J’ai adoré de nombreux passages et me suis prise de tendresse et d’affection pour Lucienne, comme beaucoup de lecteurs dont les témoignages vont dans ce même sens. Que ressentez-vous face à tous ces témoignages de sympathie ?

Jean-Michel BERARDI : De la surprise et de la gratitude. De la surprise car je n’imaginais pas que mon histoire puisse intéresser et plaire à tant de lecteurs. De la gratitude envers Stéphanie Lahana, mon éditrice, qui a pris sans hésiter le risque de publier Lucienne et qui, sans elle, n’aurait pas existé.

100% Auteurs : Nous souhaitons évidemment une longue route encore à Lucienne, cependant, y aura-t-il une suite ? Question que se posent certains lecteurs car effectivement la fin laisse entrevoir une possible suite.

Jean-Michel BERARDI : Je suis désolé, Il n’y a pas de suite prévue, mais sait-on jamais ! Avec un personnage comme Lucienne, on peut s’attendre à tout !

100% Auteurs : Sinon, en dehors de Lucienne, y a-t-il d’autres projets littéraires en préparation ?

Jean-Michel BERARDI : Oui, plusieurs autres sont en cours. Je termine actuellement le second tome d’un roman junior fantasy. « Les Colonnes du Mausolée » suivi par « Le Grand Carrefour » qui sont en recherche d’un éditeur. D’ici la rentrée, j’attaque la rédaction d’un nouveau roman adulte plein de rebondissements et de personnages attachants. Le plan est terminé, les idées sont en place, je n’ai plus qu’à écrire !

100% Auteurs : Votre rapport à l’écriture, vous le définiriez comme une passion, un loisir, un passe-temps… ?

Jean-Michel BERARDI : Ah ! Le piège ! Passion serait grandiloquent, loisir ne ferait pas assez sérieux, passe-temps serait je-m’en-foutiste. Réellement, je pense qu’il y a un peu de tout cela. J’adore écrire des histoires et ça me prend beaucoup de temps !

100% Auteurs : Pour mieux nous imaginer vos habitudes d’écriture, avez-vous quelques petites habitudes tenaces, des petites manies indispensables lorsque vous écrivez ?

Jean-Michel BERARDI : Depuis plusieurs années, je me suis convaincu que les mots viennent se poser plus facilement sur des ZAP book format roman et seulement sur les pages de droite… J’écris toujours au stylo Pilot V7 (pardon pour la pub) que je fais venir de France par les amis qui viennent nous voir. Il y a donc un moment où il n’existe qu’un seul exemplaire du manuscrit, ce qui fait trembler mon éditrice. Ensuite, je tape le texte sur mon portable ce qui me sert de réécriture, correction, mise en place des détails, des chapitres, etc. Je n’excelle pas au clavier donc j’y passe beaucoup de temps… et c’est là où je me ronge les ongles.

100% Auteurs : Et pour achever cet agréable entretien avec vous, vous imposez vous un rythme de travail ou au contraire laissez-vous l’imaginaire vous guider pour prendre sa place à sa convenance ?

Jean-Michel BERARDI : Je me laisse beaucoup guider par mon imaginaire, mes personnages font un peu ce qu’ils veulent, parfois trop, mais pas pour les horaires. Je pense très souvent à mon histoire au cours dans la journée, en faisant autre chose, en bricolant, en conduisant, mais je m’installe le stylo à la main tous les soirs (ou presque) de 21h à Minuit. Eh oui ! Je suis du soir !

100% Auteurs : Merci Jean-Michel pour cet échange.

Jean-Michel BERARDI : Merci à vous et aux lecteurs qui ont eu la gentillesse de me lire.

Propos recueillis par Marie BARRILLON

Un grand merci à Marie Barrillon et Jean-Michel Berardi pour ces agréables moments de lecture ! Et merci aussi à Cathy Berardi pour son énergie et ses montages photos (avec l’éléphant ;-)) qui me font toujours sourire et que vous pouvez retrouver sur la page Facebook de Lucienne.

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3 Replies to “« Lucienne » poursuit sa route”

  1. Anna Galore

    Très belle critique, une fois encore ! Lucienne séduit toutes les personnes qui l’approchent, la magie opère plus que jamais.

    On ne lui souhaite que de rencontrer un public toujours plus large !

  2. valentine

    Quelle belle trajectoire que celle de Lucienne qui a encore du chemin à parcourir et je lui souhaite de récolter les lauriers qu’elle mérite.

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