Patti dans les étoiles

DSCN6516b.jpg

Hier soir, nous avions rendez-vous avec un mythe vivant de la rock culture de ces quarante dernières années, une femme à la fois, poète, photographe, écrivain, peintre, guitariste, clarinettiste et chanteuse, j’ai nommé Patti Smith. Elle se produisait au Cargo, salle minuscule d’Arles où l’un de ses vieux amis français, grand producteur devant l’Eternel de tout ce qui compte sur la scène rock internationale, avait eu la grande idée de la faire passer et la gentillesse de nous y inviter alors que le show était complet depuis longtemps. Le Cargo, nous y avions découvert Féfé il y a presque deux ans dans son tout premier concert avec son groupe.

Patti Smith dans un lieu aussi exigu – mais d’autant plus chaleureux – c’est à peu près aussi incroyable que si Mick Jagger venait chanter à la MJC de Tournefeuille (habitants de Tournefeuille et de ses environs, ne vous précipitez pas sur votre téléphone pour appeler le responsable de la MJC, je n’ai dit ça que pour donner un exemple).

DSCN6524b.jpg

La dame est en effet rien moins que l’une des mamans du mouvement punk en écrivant au passage quelques hits mémorables et en collaborant avec les plus grands, mais aussi l’artiste qui a exposé ses œuvres picturales à la Fondation Cartier et la militante de la première heure du mouvement écologiste américain qui a soutenu Ralph Nader puis John Kerry et a combattu la politique guerrière de Bush allant jusqu’à demander sa destitution.

Pas mal pour quelqu’un qui faisait la manche en chantant avec sa sœur dans les rues de Paris à la fin des années 60.

Et hier, Patti, nous étions suffisamment près d’elle pour la sentir respirer. Il faut que je vous avoue un truc : bien qu’elle soit dans le paysage rock depuis plus de quarante ans, je n’y avais jamais vraiment fait attention jusque-là, à part peut-être un petit bout de chanson d’une oreille distraite il y a des décennies et qui ne m’avait laissé aucun souvenir précis. Hier soir, non seulement c’était la première fois que je la voyais sur scène mais, je peux le dire, la première fois tout court que je l’écoutais vraiment.

DSCN6525b.jpg

Et quelle voix phénoménale ! Quelle présence ! Quelle pêche ! Entourée de quatre excellents musiciens jouant tous sur des instruments acoustiques amplifiés (hormis un clavier numérique), elle envoyait plus de bois pour reprendre une expression d’Anti qu’un bon gros groupe de hard rock dans un stade. Je ne connaissais aucun des morceaux – je devais être une rarissime exception dans la salle de ce point de vue-là – mais j’ai trouvé chacun d’entre eux superbement composé et interprété.

Quelques moments particulièrement forts : celui où elle a dédié une de ses chansons à Hubert Nyssen, le fondateur d’Actes Sud récemment disparu, avec ce refrain très émouvant « a dream fading away » (un rêve qui s’efface, qui s’éloigne) ; et une reprise énorme de Gloria qui a due être détectée par tous les sismographes de la région.

DSCN6523b.jpg

Après le show, nous avons attendu que la salle se vide, comme d’habitude, pour parler un peu avec le manager de Patti et le remercier pour les invitations. Alors qu’on lui disait qu’on avait trouvé Patti fantastique, il nous a répondu « Oh, ce soir, elle n’était pas vraiment dedans, elle était fatiguée ». Ah bon ? Ben qu’est-ce que ça doit être quand elle a la frite, alors…

Très belle journée à vous

3 Replies to “Patti dans les étoiles”

  1. anti Post author

    Je suis une inconditionnelle de Patti Smith depuis l’adolescence. Pour ma part, c’était la seconde fois que je la voyais sur scène et déjà la fois précédente, c’était en petit comité dans la cour du château de St Malo, le 21 juillet 1996. Je me souviens parfaitement de cet instant où elle était arrivée sur scène, de sa présence, de sa force. Quelle puissance elle dégage ! Hier, soit quinze ans après, force est de constater que Patti Smith n’a rien perdu de son incroyable énergie, au contraire.

    Les quatre musiciens qui l’accompagnaient étaient redoutables eux-aussi : j’étais stupéfaite du son de ce concert acoustique.

    Vraiment, si vous en avez l’occasion, allez les écouter.

  2. andrealucia Post author

    Je découvre votre post.J’ai moi aussi vue Patti ,la grande Patti à Dijon à La Vapeur en novembre.C’est une petite salle,elle parlait avec le public,riait,rageait parfois(« même ma pisse est rock’n roll as t elle dit »);J’attendais ce concert depuis si longtemps et je ne pensais pas la voir dans une salle si près de chez moi.Ce fut exceptionnel!Quand on a lu son livre « just kids »,on sait ce qu’elle a traversée.Alors c’est plus qu’exceptionnel,bouleversant!

  3. Anna Galore Post author

    « même ma pisse est rock’n roll »

    Je l’imagine bien dire ça ! Oui, une personne exceptionnelle sur scène, un très bon souvenir pour nous aussi.

    Merci de votre passage ici 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *