Luis Soriano, la culture à dos d'âne

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Il s’appelle Luis Soriano, il est colombien et c’est un ancien instituteur. En 1998, il se retrouve au chômage. Lui, sa passion, c’est lire et donner au plus grand nombre la possibilité de le faire.

Alors, il achète un âne, le charge de tous les livres qu’il peut et part sur les routes les plus reculées de son pays pour les proposer aux paysans et aux enfants. Exactement comme un bibliobus, sauf que le bus est un âne. Il vient d’inventer les biblioburros (biblio-ânes).

Il a démarré avec 70 livres. Aujourd’hui, avec l’aide de volontaires et le soutien financier d’ONG et d’entreprises privées, il fait circuler 22 biblioburros qui distribuent des milliers de livres. Lui, il continue à visiter en personne huit écoles de sa région et il a créé une bibliothèque en dur.

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« Aujourd’hui, dans ma ville natale de La Gloria, il y a une vraie bibliothèque qui propose 5 800 livres. Elle a un toit et un sol en dur – mais pas de portes ni de fenêtres. J’ai donné à cette bibliothèque toutes les chaises que j’avais à la maison. Si vous venez me rendre visite, je ne pourrai même pas vous faire asseoir chez moi ! »

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Ce qui le touche le plus ? Le fait que son projet l’ait dépassé.

« Lors de mon premier voyage en avion, en feuilletant le magazine de la compagnie aérienne, je suis tombé sur un reportage sur un homme en France – un certain Marc Roger – qui transportait des livres à dos d’âne afin de faire des lectures publiques. Il disait s’être inspiré d’un Colombien : Luís Soriano. C’était moi ! Je n’ai pas pu retenir mes larmes. Grâce à l’aide financière que j’ai reçue, nous arrivons maintenant à apporter des livres dans de nouvelles régions, comme le Tolima [centre du pays] et le Guajira [nord], où habitent les indigènes Wayúu. »

Même si vous ne comprenez pas l’espagnol, regardez cette vidéo avec le son, vous entendrez la voix de Luis et la joie des enfants.

Cette note est basée sur un article paru sur Les Observateurs.
Photos de Diana Arias.
D’autres photos et vidéos peuvent être vues sur le blog El biblio burro.
Pour en savoir plus sur Marc Roger, vous pouvez commencer par son site : Saint-Malo – Bamako, la méridienne du griot blanc.

7 Replies to “Luis Soriano, la culture à dos d'âne”

  1. anti Post author

    Trop bien !!! Sapotille qui parlait de créer une école ? Ben voilà !

    Il est extra ce monsieur et le site de Marc Roger en prime !

    « Je parle, je parle, mais celui qui m’écoute ne retient que les paroles qu’il attend. Ce qui commande au récit, ce n’est pas la voix : c’est l’oreille. »

    Les Villes invisibles de Italo Calvino

    et :

    Marc Roger considère son action comme un lien social fort :

    « Lire à voix haute et en public, c’est à mon sens, offrir à l’écoute du plus grand nombre, public adulte et jeunesse, des récits brefs, nouvelles ou extraits de romans. C’est également produire des étincelles qui donnent envie de lire, d’ouvrir la voie des livres par où circulent l’échange et les idées. Mais c’est aussi, au cœur des villes et des villages, dans l’entreprise, dans les cafés, partout dans la cité, s’inscrire comme un passeur. Tout simplement lecteur public. »

    Deux découvertes d’un coup, d’un seul !

    MERCI ANNA !

    J’aime les fenêtres du net qu’on choisit d’ouvrir, elles me font penser à des fenêtres de calendrier de l’Avent, loin bien loin, de celles de la TV qui aiment trop à verser dans le sordide.

    anti

  2. anti Post author

    Ok merci. J’avais bien vu la citation de Sylvain Tesson, tu parles ! Je me demandais juste s’il y avait pas un autre Tesson (Philippe) qui ne demandait qu’à être découvert.

    anti

  3. Anna Galore Post author

    Philippe Tesson est un journaliste, autrefois au Quotidien de Paris (qu’il a fondé) et aux Nouvelles Littéraires, aujourd’hui au Figaro Magazine et à Valeurs Actuelles. Il est passionné de théâtre et écrit souvent des articles sur ce sujet.

  4. ramses Post author

    Un Tesson peut en cacher un autre ! J’aime cette histoire de « Biblioburros ». Lorsque j’étais « appelé » en Algérie, j’ai un temps appris à lire le français à de jeunes enfants kabyles, qui n’étaient jamais allés à l’école. J’avais écrit à plusieurs éditeurs de livres scolaires, qui m’avaient envoyé gratuitement leurs productions. Elles avaient fait la joie des enfants et des mamans (les papas étaient absents, ils préparaient l’indépendance…)

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